L’histoire

Seule ville fortifiée de Vendée encore conservée de nos jours, Vouvant naît il y a un peu plus de mille ans sur la volonté du comte de Poitiers-duc d’Aquitaine...

XIe siècle

L’existence de Vouvant apparaît pour la première fois dans une charte latine rédigée vers 1016-1019. Dans celle-ci, Guillaume le Grand, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, indique qu’il a fait construire une place forte ainsi qu’un ensemble monastique à Vouvant. C’est Théodelin, abbé de Maillezais, qui a été missionné par Guillaume afin de défricher la forêt et d’édifier l’église et le monastère dédiés à la Vierge Marie.

Le monastère, son église et la place forte semblent totalement construits vers le milieu du XIe siècle. Un chevalier, Hélie, est nommé par le comte de Poitiers afin de tenir la forteresse en son nom. La localisation de la place forte comtale-ducale n’est pas connue avec certitude (elle pourrait correspondre à la motte castrale du Petit-Château ou bien à celle du Château-Neuf). À cette période, l’église devait probablement posséder une nef composée de neuf travées. De nos jours, les trois travées de la nef dite « Théodelin » constituent les seuls vestiges de l’église priorale du XIe siècle. Une inscription latine, peut-être également issue de l’église du XIe siècle, est présente sur une pierre du mur de l’absidiole nord (traduction : « autrefois célèbres, maintenant cendre et poussière »).

XIIe siècle

Dans les années 1120, Geoffroy de Rancon est très probablement le seigneur de Vouvant. Plus tard au cours du XIIe siècle, la place forte passe aux mains de la prestigieuse maison de Lusignan. En effet, Bourgogne de Rancon, fille de Geoffroy, aurait transmis la forteresse de Vouvant en dot lors de son mariage avec Hugues VIII de Lusignan. Quelques années après cette union, c’est leur fils Geoffroy Ier de Lusignan qui acquiert le château de Vouvant.

Durant le XIIe siècle, l’église de Vouvant est remaniée. La crypte est modifiée, le chevet est construit ou reconstruit et la partie basse du portail nord, avec ses sculptures romanes, est édifiée.

Avant mai 1200, Geoffroy Ier de Lusignan, seigneur de Vouvant, épouse Eustachie Chabot, fille de Thibaut Chabot (probable seigneur du Petit-Château de Vouvant).

Sceau et contre-sceau de Geoffroy Ier de Lusignan © Crédit : gallica.bnf.fr – BnF

XIIIe et XIVe siècles

Entre la toute fin du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe siècle, un nouveau système défensif se met en place à Vouvant. Ainsi, des fortifications de ville et un château fort (à l’emplacement de l’actuelle place du Bail) sont édifiés par Geoffroy Ier de Lusignan et/ou son fils Geoffroy II de Lusignan. D’une hauteur de 36 mètres depuis les fossés secs, le donjon est le seul vestige quasiment complet encore conservé du château fort. De nos jours, l’ancien donjon est dénommé « tour Mélusine » en référence à la fée Mélusine. Ancêtre mythique des Lusignan, la légende raconte qu’elle a bâti le château de Vouvant en une seule nuit.

Dans la première moitié du XIIIe siècle, la ville de Vouvant est assiégée à deux reprises et plusieurs alliances sont conclues par la famille de Lusignan avec les rois d’Angleterre ou les rois de France :

  • En 1202, le roi d’Angleterre Jean sans Terre fait emprisonner Geoffroy Ier de Lusignan, fait confisquer son château de Vouvant et y place une garnison royale anglaise. Contrôlé pendant six mois par cette garnison, le château est libéré sur demande de Jean sans Terre datée de février 1203.
  • En 1214, Jean sans Terre assiège Vouvant pendant trois jours. Après avoir remporté la ville à la suite de la reddition des Lusignan, ces derniers lui rendent hommage. Le roi d’Angleterre revient donc en paix avec la famille de Lusignan.
  • En 1224, le seigneur de Vouvant Geoffroy II de Lusignan rend hommage au roi de France Louis VIII.
  • En 1230, Geoffroy II de Lusignan est fait prisonnier et est livré à Henri III, roi d’Angleterre. Henri III accepte de libérer Geoffroy II à la condition de recevoir son hommage et d’obtenir le contrôle des châteaux de Vouvant et Mervent le temps de la guerre contre le roi de France.
  • En mai 1242, la place forte de Vouvant est assiégée par le roi de France Louis IX. Elle aurait été défendue par 140 chevaliers et 60 arbalétriers selon le moine Matthieu Paris. Le 6 juin 1242, le roi de France obtient la reddition de Geoffroy II qui lui rend son château de Vouvant pendant une année. En avril 1243, Geoffroy II de Lusignan fait hommage lige auprès d’Alphonse de Poitiers, comte de Poitiers et frère de Louis IX. De ce fait, le seigneur de Vouvant récupère le contrôle de son château.

En 1247 ou 1248, Geoffroy II de Lusignan décède et se fait inhumer dans l’église Notre-Dame. Ses trois enfants, probablement nés hors union, n’héritent pas de ses biens. La seigneurie de Vouvant est alors transmise à Valence de Lusignan, nièce de Geoffroy II. En s’étant mariée avec Hugues II l’Archevêque, Valence fait passer Vouvant dans les possessions de la puissante famille des l’Archevêque, seigneurs de Parthenay.

Au XIIIe siècle et/ou au XIVe siècle, les l’Archevêque entreprennent des travaux dans leurs forteresses. Les fortifications de Vouvant sont vraisemblablement remises en état à cette période.

Enceinte fortifiée occidentale © Crédit photo : Ludovic Géron

XVe siècle

Après que Jean II l’Archevêque, seigneur de Parthenay et de Vouvant, se soit rangé aux côtés des Bourguignons, ses biens sont confisqués par le roi de France pour cause de rébellion et félonie en 1415. Ils sont ensuite confiés au dauphin Louis de Guyenne qui en fait don à Arthur de Richemont. Lorsqu’il est seigneur de la cité, Arthur de Richemont fait réaliser des travaux au château de Vouvant et aurait peut-être fait construire l’enceinte fortifiée du Château-Neuf au nord-ouest du bourg.

À la suite du décès d’Arthur de Richemont en 1458, la seigneurie de Vouvant revient au roi de France Charles VII. Ce dernier la confie à Jean de Dunois, bâtard d’Orléans. C’est ce seigneur et son épouse qui sont probablement les donateurs pour la réalisation des sculptures gothiques du portail nord de l’église Notre-Dame : la Cène et l’Ascension du Christ dans la partie triangulaire ainsi que les armes de Jean de Dunois entre les deux portes jumelles. Deux sculptures sont également intégrées au-dessus de la grande voussure du portail nord. Il s’agit de la Vierge à l’Enfant à gauche et de saint Jean-Baptiste à droite. Or, ces deux personnages bibliques sont également les saints patrons de Jean de Dunois et de son épouse, Marie d’Harcourt.

Portail nord de l’église Notre-Dame © Crédit photo : Charly et Ludovic Géron

XVIe siècle

Au moins dès le premier tiers du XVIe siècle, de nouvelles armoiries sont données aux seigneuries de Vouvant, Mervent et Mouilleron. Le blasonnement est le suivant : burelé d’argent et d’azur, à deux serpents de gueules. Ces nouvelles armoiries font référence à celles des Lusignan par le fond burelé d’argent et d’azur ainsi qu’à la légende de la fée Mélusine évoquée par les deux serpents.

En 1526, une description du château et de l’enceinte de ville de Vouvant est effectuée et livre de précieuses informations sur l’état des fortifications. Ainsi, le bourg est accessible par trois portes de ville : la porte aux Moines à l’est, la porte Bouguerin au nord et la porte de la Poterne à l’ouest. Seule la porte de la Poterne est encore conservée au XXIe siècle. La description indique également que le château fort se compose d’une porte avec pont-levis, d’une tour carrée, de plusieurs autres tours, de deux puits, d’une chapelle et d’une poterne donnant accès au Château-Neuf.

À la fin du XVIe siècle, la cité fortifiée de Vouvant subit les guerres de Religion. La ville est pillée par les huguenots en novembre 1586. Deux ans plus tard, ces derniers tentent l’escalade de la porte de la Poterne sous le commandement du duc de la Trémoille. Repoussés par Malicorne, gouverneur du Poitou, les huguenots perdent 200 hommes selon Théodore Agrippa d’Aubigné.

À gauche, vue depuis le sommet de la porte de la Poterne © Crédit photo : Ludovic Géron.
À droite, armoiries des seigneuries de Vouvant, Mervent et Mouilleron (peintes au XVIe siècle) © Crédit : gallica.bnf.fr – BnF

XVIIe siècle

Au début du XVIIe siècle, la nef de l’église Notre-Dame est ruinée, hypothétiquement par un ou plusieurs incendies. Des prisons sont alors aménagées à l’extrémité occidentale de l’église avec des pierres issues des décombres de la nef. La partie ouest d’origine disparaît donc et une nouvelle façade, permettant de clore l’édifice, est construite au cours du XVIIe siècle.

En 1694, par la mort de Jean-Louis d’Orléans-Longueville, la seigneurie de Vouvant revient définitivement à la Couronne de France. Lorsque le roi de France prend possession de la ville, il ne reste que quatre tours « presque ruinées » ainsi que le donjon (tour Mélusine) de l’ancien château édifié par la famille de Lusignan.

Quatre années plus tard, le roi Louis XIV crée un siège royal de bailliage à Vouvant. Celui-ci est rapidement transféré à la ville de La Châtaigneraie, puisque davantage accessible.

Façade occidentale du XVIIe siècle © Crédit photo : Ludovic Géron

XVIIIe siècle

Le 24 novembre 1718, les domaines de Mervent et Vouvant sont mis en adjudication au château du Louvre. Abandonné de manière définitive, l’ancien château fort est quant à lui démantelé au cours du XVIIIe siècle. Puis, à la suite de la Révolution française, la seigneurie-baronnie de Vouvant est supprimée et l’enceinte fortifiée est peu à peu vendue à des particuliers.

Lors des guerres de Vendée, l’armée royaliste passe par deux fois à Vouvant au cours du mois de mai 1793. Le matin du 16 mai 1793, l’armée assiste à une messe célébrée dans l’église Notre-Dame.

Vouvant sur la carte de Cassini en 1765-1769 © Crédit : IGN

XIXe siècle

Dans les années 1820, les derniers vestiges du château fort sont détruits. L’ancienne cour du château est nivelée, certains pans des remparts y sont en partie remontés, des bancs de pierre y sont installés et des arbres y sont plantés.

En 1840, l’église Notre-Dame est classée au titre des monuments historiques. Elle fait ainsi partie de la première liste des monuments protégés à ce titre. Seules deux églises de Vendée sont classées sur cette liste, à savoir Notre-Dame de Vouvant et Saint-Nicolas de Maillezais.

Au XIXe siècle, l’accessibilité difficile de Vouvant devient petit à petit un frein à son développement. Afin de faciliter l’exploitation de la forêt et du bassin houiller de Vouvant, la municipalité demande une desserte par le chemin de fer et fait modifier la route qui traverse le bourg. Plusieurs éléments subsistent de ces travaux : le viaduc de Baguenard et le pont construit en amont du vieux pont médiéval.

Dès 1881-1882, l’église Notre-Dame, dans un état ruiné, fait l’objet de travaux de restauration et d’une reconstruction partielle. La municipalité engage l’architecte Victor Loué qui fait reconstruire plusieurs éléments : les voûtes du chœur, les voûtes de la crypte, la quasi-totalité du transept, les trois premières travées de la nef, le clocher et la sacristie. Seules trois travées de la nef ruinée du XIe siècle subsistent alors depuis cette campagne de travaux (il s’agit, de nos jours, de la nef dite « Théodelin »).

Église Notre-Dame © Crédit photo : Charly et Ludovic Géron

XXe siècle

Le 12 février 1927, la tour Mélusine et le vieux pont médiéval sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Il faut attendre le 26 novembre 1984 pour que les vestiges de l’enceinte fortifiée de ville (hors constructions ajoutées ultérieurement) soient eux aussi protégés en étant inscrits au titre des monuments historiques.

En mai 1954, un barrage-écluse est inauguré dans le bas de la porte de la Poterne. Quelques décennies plus tard, en 1978, la morphologie de la rivière Mère évolue grandement avec la mise en service du barrage de Vouvant à l’ouest du bourg. Ainsi, plusieurs lieux-dits, gués et moulins disparaissent sous les eaux.

À la fin du XXe siècle, Andrée Bourseguin, Maire de Vouvant, lance l’ « Opération Village ». Avec cette opération, le village de Vouvant, en déclin, redevient un pôle dynamique du territoire avec son patrimoine, son histoire ainsi que ses artisans et commerçants. En 1988, ces transformations donnent lieu au décernement d’un label prestigieux pour la commune : le label « Les Plus Beaux Villages de France ». Quelques années plus tard, en 2000, Vouvant obtient le label « Petite Cité de Caractère ». Depuis la fin du XXe siècle, le village fortifié attire de nouveaux habitants par son cadre de vie ainsi que de nombreux visiteurs par la mise en valeur et la mise en animation de son patrimoine historique, culturel et naturel.

 

Auteur du texte : Ludovic GÉRON

Plus d’informations et contact : www.histoire-vouvant.com

Vieux pont © Crédit photo : Ludovic Géron

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